BIOGRAPHIE

Né à Barcelone en 1946, Joan Carles Roca Sans entre dans la peinture à la fin des années 70′ quand les derniers avant-gardes dominent encore la scène artistique, et décide de nager à contre-courant. Il apprend le métier à la Faculté des Beaux Arts et tourne le regard vers la Grèce classique et la Renaissance, élaborant un style personnel avec une volonté postmoderne en se livrant à la révision de certains aspects de l’art du passé avec des contenus inspirés d’expériences personnelles. Au milieu des années 80’, ses propositions sont en ligne avec d’autres apparues en Italie et en Allemagne, où il séjourne souvent (Stuttgart, Düsseldorf et Munich) et où il absorbe la force de la tradition centro européenne, synthétisant l’expressionisme.

Depuis 2000, il intègre différentes temporalités et réinvente l’expressionnisme synthétique qu’il avait déjà créé quinze ans plus tôt, utilisant la ligne du dessin comme élément clé pour la distribution de couleurs. Il maintient et met au point son pari pour capturer la vie. Il la dessine et la peint pour en devenir une partie. Bien que de racine pop et urbaine, son travail est caractérisé par la cohérence interne et l’iconographie personnelle débordante. Chez ce peintre il est impossible de séparer la vie et le travail, donc chaque peinture est comme une page de sa biographie. Il a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives à travers le monde et ses œuvres sont entrées dans maintes collections publiques et privées.

Au cours des dix dernières années Joan-Carles Roca Sans parcourt la Méditerranée et explique l’expérience de chaque voyage en publiant quatorze épisodes avec récits de fiction et arts visuels qui intègrent la peinture, la sculpture et le roman graphique avec l’utilisation de nouvelles technologies. La fixation de la lumière sur des supports tels que le marbre et le méthacrylate ainsi que les romans graphiques en vidéo format en sont les réalisations les plus remarquables. C’est le Project Ermóupoli, que l’artiste conclut en 2017 pour explorer la disponibilité polysémique de l’image où chaque spectateur peut trouver son interprétation.

Avant 2000

Roca Sans est en train de créer un style personnel que éclot à Munich en 1985 et que l’on peut définir comme synthétique et expressionniste. Depuis lors et pendant quinze ans, le château fort de Palau sator est l’endroit ou le peintre développe son univers artistique et existentielle.

LE PARADIS PERDU 1974-1984

1974/79 – Inspiré par les écrits de Giulio Carlo Argan sur le concept de revival, JC Roca Sans se manifeste comme post-avant-gardiste avant que soient inventés des mots comme postmodernité ou trans avant-gardisme. Pour le peintre, ce qui n’est pas tradition, est copie. De plus, il a l’obsession d’expliquer le monde et la vie. Il n’envisage l’art que comme chance de donner une vision personnelle de la condition humaine, et pour ce faire il doit être narratif.

Le livre L’expérience ampurdanaise (1979) essaie de trouver une Arcadie perdue dans un monde rural en train de disparaître, avec un langage symbolique, en réponse à la négation de la forme et du fondamentalisme esthétique que ça implique. Et bien sûr, dans une société sécularisée, la beauté est un engagement éthique que lorsqu’il le juge utile, il met au service des idées. Lorsque, plusieurs années plus tard, en 2008, Cyprus Art édite le catalogue intitulé Le Jardin de l’Eden),se référant au Baix Empordà, avec tous les artistes qui ont exposé pendant vingt ans à la galerie, un tableau de Roca Sans de l’année 77 et un autre du 78 sont choisis respectivement pour la couverture et le dos.

1980 – La série Pastorals Empordaneses offre une vision de la vie méditerranéenne selon une perspective urbaine nostalgique. Il s’agit d’un exercice de construction symbolique, qui délimite le paysage pour le faire devenir territoire, ce qui voudrait dire, dans une conception « bergsonienne » du mot, un territoire « vécu et mis à jour plutôt que représenté ».

1981/82 – Dans son livre L’Empordà, poésie pictural une interprétation de ce paysage culturel est résumée dans vingt-six tableaux de grand format. Le langage est ici synthétique et méditerranéen.

1983 – La collection Une proposition méditerranéenne livre le résultat des séjours que le peintre réalise dans les Baléares et les îles grecques de la mer Egée, qui lui laissent une impression inoubliable et ou il se promet de revenir à l’avenir.

1984 – L’artiste effectue des actions dans des espaces architecturaux en Espagne et Allemagne. Déçu par la dégradation du territoire, les Cycles de fragmentation supposent en effet un arrêt dans le dialogue plastique avec la Nature.

LES LUMIERES DE LA NUIT 1985-1999

1985/86 – Comme beaucoup d’artistes de sa génération, Joan Carles Roca Sans fait des séjours à l’étranger, principalement en Allemagne et il finit par s’installer à Munich, articulant un langage qui coïncide plus ou moins avec d’autres propositions apparues a New York, Berlin o Rome. Il s’agit de la série Tanzende. Les années vécues dans la capitale bavaroise marquent un tournant et l’homme devient le centre permanent du discours.

1987/91 – Le peintre achète le château médiéval de Palau-Sator. Des années plus tard, la Fundació Catalunya Nostra lui attribue le prix Castells Culturals pour cette restauration. Depuis lors, « La tour de Palau » devient un lieu pionnier de développement d’activités culturelles.

1992/93 – Roca Sans explore la moitié de l’Europe (Berlin, Munich, Zurich, Düsseldorf, Amsterdam, Prague, etc.) pour observer la vie, pour la saisir et devenir ainsi partie d’elle. José Luis Jiménez-Frontin dans Le regard et le geste interprète ses personnages comme exécutants de sacrifices originaires, et les qualifie comme une authentique faune de victimes et bourreaux.

1994 – Son livre La nuit dessinée, qui rassemble des dessins faits en 92, est un regard doux-amer et nostalgique sur la nuit d’une ville qui ne sera plus jamais la même.
Les dossiers de sérigraphies Les ruineuses) et La Ronde de nuit)sont édités.

1997 – Le catalogue La Nuit du Chasseur de Josep Mª Cadena nous montre avec un langage vif et expressif un résumé des expériences allant de 92 à 96, tout en traçant une parabole plastique de la société postmoderne a partir d’un segment ludique.

2000 – Publication du livre Obra de 1974 à 1999, où l’artiste lui-même explique ses motivations et intentions au cours de ces années et où nous voyons que, en fait, chaque tableau est une page de sa biographie. L’ordre est chronologique selon les sections suivantes: Le paradis perdu, Une proposition méditerranéenne, Cycles de fragmentation, Les années de Munich, Le temps regarde le temps, Les lumières de la nuit, Barcelone: ​​le quartier dessiné, Deux par deux, Miroirs d’eau, Rembrandt: la lumière, D’un temps surhumain, Palaces de jade et Cahiers de voyage.

Après 2000

Installé a Torroella de Montgrí, l’artiste réinvente son style en incorporant de nouvelles temporalités. L’Ermoupoli Project commence avec l’augmentation des flux migratoires et se termine lorsque la montée des partis populistes menace la cohésion de l’Union Européenne.

LA CONQUÈTE DE LA LUMIÈRE 2002-2006

2002/2006 – Une maison du quatorzième siècle dans le centre de Torroella de Montgrí, rénovée et agrandie au seizième siècle outre l’avantage d’élargir l’atelier, offre des espaces où présenter les propositions les plus audacieuses, alliant travail contemporain et peinture et sculpture du passé. Atrium Torroella, qui est au même temps exposé et trajet, s’engage pour la qualité et l’originalité. Ce n’est pas un musée, mais un concept ouvert aux changements et aux expériences où l’esthétique est mise au service des idées.

2002 – Lors d’une fête de Halloween dans la boîte de nuit Paradiso, le monde des anges et des démons se confondent pour donner le livre La connaissance, est un péché? C’est la mort?). Un hommage au poète John Milton.

2007 – Brau Edicions publie La lumière et la norme)est un catalogue raisonné à partir de ses articles et conférences sur l’esthétique. L’artiste, après avoir traversé des expériences personnelles dramatiques, renouvelle son élan vers la lumière jusqu’à devenir obsession. Récupérant de nombreux aspects de son langage précédent, il parvient graduellement à une expression plus abstraite et plus essentielle. S’appuyant sur ses expériences des années 80, lorsqu’il avait synthétisé l’expressionnisme, il reprend les modèles de représentation baroque. En combinant lumière projetée et lumière filtrée, il atteint un modèle de représentation de l’espace grâce à l’équilibre des températures. La mise en catalogue est thématique et offre un répertoire où on trouve: Les couleurs de l’Arcadie, L’Eva métisse, Le dompteur d’utopies, Le regard complice, Si tout est lumière … Étoiles virtuelles, Les traces de Mitra.

LE PROJET ERMÓUPOLI 2007-2016

Une plage de marbres de couleurs, le désir de retrouver la jeunesse, la puissance transformatrice du voyage, une histoire où ce qui importe, c’est le cheminement et non l’arrivée, donnent lieu au livre Ermóupoli. C’est le point de départ du projet du même nom qui continue une tradition littéraire qui a émergé à la Renaissance: une collection d’histoires qui se déroulent à différents endroits de la Méditerranée, où différents personnages vivent des expériences qui transforment leur vie.

Le Projet Ermóupoli se caractérise par l’amour de l’expérimentation, la compréhension de l’expérience artistique comme un fragment et comme la fusion entre des différents plans anthropologiques: l’émotion et le concept, le jeu et le sérieux, la raison et le sentiment, l’ordre et le chaos. C’est son esprit, qui met en évidence l’obsessive présence du trinôme sexe, vie et mort qu’articule le trajet de l’artiste.

Accès web Le Projet Ermóupoli

A PLEINE LIGNE 2017…

Roca Sans souligne les aspects les plus profonds de son propre ressenti pictural pour arriver a une narrative polysémique.